lundi 2 mars 2015

Torres del Paine : un des plus beaux endroits de la terre !

23/02 En route pour Torres del Paine !

Dès le retour du Perito Moreno, je me mets en quête du meilleur moyen de rejoindre le mythique parc de « Torres del Paine », au Chili, sans forcément passer par Puerto Natales, histoire de gagner du temps et une étape. (le parc est à mi chemin entre El Calafate, et la ville de Puerto Natales). Cette dernière est en quelque sorte le camp de base des backpackers en route pour « Torres » à 2 heures de bus de l'entrée du parc (qui prend parfois des allures de taxi brousse).

Je vous épargne les quelques heures de recherche sur le net, à tourner parmi les agences de voyage mais à l'arrivée, MÊME en passant par puerto Natales, ce n'est pas possible, tous les bus sont pleins. Putain de pleine saison (re). Ce qui veut dire, une nuit de plus hors de prix à El Calafate, une journée de perdue, etc... Vraiment dépité et ne sachant que faire (réserver le bus pour le surlendemain ? Prendre une nuit de plus à l'hotel ? Laisser tomber les « Torres » et enchaîner avec le nord de la Patagonie ? ) je tente en désespoir de cause une descente à la gare routière, et alors que je fais la queue à un Neme comptoir de bus, tout à coup, un ange apparaît et me demande : « vous allez à Puerto Natales? ». Un peu décontenancé, je réponds «heu oui, j'aimerais bien, mais ... ». Daniela (c'est son nom) me coupe : 'oui tous les bus sont pleins, mais nous avons un plan : prendre un taxi à 4 jusqu'à Rio Turbio, à la frontière chilienne, et de là prendre un bus chilien jusqu'à Puerto Natales. En partant à 6h du matin, on a le temps d'attraper la navette de 14h30 pour le Parc de Torres ! Mais ça n'est faisable que si l'on s'y met à 4 et il nous manque un comparse. Tu es partant ?
Au départ, je n'y crois pas trop, mais Daniela qui voyage avec sa copine Heike insiste : il faut dire qu'elles ont déjà pris (et payé) toutes leurs réservations dans les refuges du parc et que tout tombe à l'eau si elles ne peuvent pas être le lendemain au parc. Leur ténacité me plaît (et m'arrange bien) et je prends le gambit. La joyeuse équipe sera composée d'Anita, une guide du parc de « Torres » qui doit rejoindre son lieu de travail, Daniela Heike et moi.

Levé aux aurores, je laisse à la consigne de l’hôtel tout ce qui ne me sera pas absolument indispensable pour les 5 prochains jours histoire d'essayer d'alléger un peu le sac (pas besoin de prendre les chargeurs de portable, d'appareil photo, les guides etc... il n'y a pas d'électricité !
Je ne garde que l'essentiel : les appareils photo, la tente, le sac de couchage, une frontale, des batteries, quelques fringues, une gourde, et aussi mon PC portable que je ne me résoud pas à laisser sans surveillance à la consigne très « open » de l'hôtel. Ce sera juste un gros kilo de plus sur le dos. On verra plus tard que cela aura été une sage décision, mais pas pour la raison qu'on croit.

Après une très courte nuit, je piaffe devant l’hôtel lorsque le taxi vient me chercher avec une demi heure de retard. Anita est déjà dedans et on passe récupérer Dani et Heike à leur hotel. 3 H plus tard à fond de 5 dans une guimbarde qui plafonne à 140 (sur des routes dont je préfère ignorer la limitation) nous arrivons à Rio Turbio pour prendre notre bus vers Puerto Natales. Passage de frontière rapide coté papiers (je gagne un beau tampon chilien sur mon passeport), mais les sacs à dos passent dans une étrange machine pour détecter la présence éventuelle de fruits et légumes ou viande dont l'importation est interdite en raison d'un écosystème Paagonique fragile, et d'une peur panique des chiliens de la fièvre aphteuse et autres encéphalites spongiformes bovines.

Arrivé au terminal de bus de Puerto Natales à 12h30, cela nous laisse presque 2 heures pour trouver un distributeur de billets (700 pesos chiliens pour un euro, ça fait bizzare quand le distributeur te demande combien de dizaines de milliers de pesos tu veux...) et faire quelques courses. Je stocke de la barre céréales, attrape un filet d'avocats, et quelques bananes, un chorizo, des Alfajoles (gateaux au dulce de leche et chocolat) et une plaque de chocolat, en espérant pouvoir me ravitailler dans les refuges.


A l'arrivée à l'entrée du parc, on s'acquitte du droit d'entrée de 18000 pesos Chiliens (25€), on signe la charte du randonneur responsable et on reçoit une belle carte des sentiers de randonnées dont le fameux « W », appelé comme cela en raison de sa forme évidemment.

(Carte Torres del Paine).



Dani et Heike s'éclipsent vers leur hôtel, et comme les campings sont pleins dans le secteur (notamment celui des Torres), je suis les bons conseils glanés sur internet, et je m'élance vers un nouveau challenge : faire le W « à L'envers ». 


Je reste dans le bus jusqu'à son arrêt suivant, attrape le « catamaran » , un bateau navette qui m'amène jusqu'à Paine grande, et m'élance à l'assaut des 3 heures et demi de montée jusqu'au camping/refuge « Grey » et son glacier, mon gros sac sur le dos. Il est 18h30, je dois être un des derniers à fermer le sentier car je ne croiserai quasiment personne sur la route. 



La nature est belle, les lueurs du soleil couchant donne des couleurs très douces aux montagnes, je longe un lac, traverse des rivières à gué, mais commence à accuser le coup de la très longue journée.


J'arrive au camping crevé, je finis de monter la tente à la frontale, et je file grignoter ma bouffe sous l'auvent du camping, où les happys campers alignent leurs butagaz portables
Rien de ça chez moi : fatigué, frigorifié et affamé, mon état n'a rien d'euphorique.
Mais il y a un bon dieu pour les Eric, car je tombe sur une groupe de jeunes chiliens très sympa, qui lorgnent sur mon filet d'avocats, alors on sympathise autour d'un chocolat chaud (ils ont un réchaud , eux!) On tape la discute avec Sebastian, Vicente, Felipe, Martin, Rodrigo, Franco en parlant un spanglish très international. La musique étant la plus internationale des langues, je sors aussi mon harmonica qui a son petit succès.

Vicente, Sebastian, Felipe y Martin

La Nuit est superbe. La voie lactée étincelle, les étoiles sont incroyablement brillantes... mais ce ne sont pas les mêmes ! Et oui, dans l'hémisphère sud, on a la tête on bas. Pas de Grande Ourse, ni d'étoile polaire ! Tout au plus reconnais-je Orion s'étirant paresseusement sur l'horizon, l'une des quelques constellations visible depuis les deux hémisphères.
A 23h30, je rejoins la tente congelé, et j'enfile tout ce que je peux avoir de chaud sur le dos avant de me glisser dans mon sac de couchage « super light ». (ou plutôt après avoir constaté que le sac de couchage ne suffirait clairement pas à me tenir chaud...). J'ai eu TRES FROID !

25/02 Refuge Grey – Campamento Italiano

Je vais jeter un œil sur le Glacier Grey, moins photogénique que le Perito Moreno, mais tout aussi impressionnant, et prends la route vers le prochain camping dit « des Italiens » au pied de la vallée des Français. (il y a aussi un panorama britannique, un camping chilien, histoire que tout le monde soit content).
Après 6 H de marche, je suis à court d'eau, alors je remplis ma gourde dans un torrent : elle est délicieuse ! Mon teléphone refuse de prendre des photos, alors je m'astreins à économiser la batterie de mon autre appareil photo ce qui limite beaucoup mes clichés (alors que c'est pour le téléphone que j'avais des batteries de rechange, grrrrrr :(


Arrivé au camping des Italiens, je constate que celui ci est super basique (mais gratuit!), pour l'eau on se sert dans la rivière, et il n'est pas possible d'acheter quoique ce soit. La seule infrastructure se limite à une « cabane au fond du jardin » et une autre pour s'abriter pour faire la bouffe. Argh, comme mes réserves de bouffe s'épuisent, le garde me rassure en m'indiquant que le prochain camping est en même temps un refuge et que je pourrai y acheter à manger et y prendre la douche chaude que je lui réclame en rigolant. Je lui demande si je peux louer un matelas de sol car le sol est beaucoup plus dur que la moelleuse clairière du camping Grey, il me répond : « Alquilar, no puedo . Pero prestar, si ». (Je ne peux pas te le louer, mais te le prêter oui). Sympa ! Il faut dire que c'est un des campings gérés directement par le parc et donc « à but non lucratif ».

Grâce à lui, je peux aussi réserver une nuit au camping au pied des Torres dans deux jours. Yess !!! C'est le graal derrière lequel courent tous les randonneurs du parc, celui qui permet d'y être dès l'aube et y admirer le lever de soleil sur les fameuses « Torres » qui ont donné leur nom au parc.
Le soir, je retrouve aussi mes nouveaux amis chiliens arrivés une heure après moi malgré mon gros sac. Mais qu'est ce que j'ai mal aux pieds. Grâce aux chaussettes « spécial trekking » de Décathlon, j'ai réussi à contenir les ampoules. Mais rien à faire : mes pieds ne sont pas habitués à un rythme aussi soutenu, surtout avec quinze kilos de plus sur le dos...
La nuit, un vent à décorner les bœufs souffle, mais il fait moins froid.Grâce à mon PC, j'arrive à déboguer mon téléphone, et triple du coup mon autonomie en photos. 


26/02 Vallée des Français => Camping Los Cuernos
Le lendemain, je pose le gros sac au camping des italiens puisque je repasserai par là en redescendant et je pars gambader « léger » dans la Valle del Francès. Après une petite heure de marche, j'arrive devant un panorama somptueux (ici ils disent un mirador) et je décide de me poser sans aller plus loin et de profiter de l'instant magique d'extase panoramique. 


Mes pieds qui n'en peuvent plus me remercient de ce moment de détente. 

A la redescente au campamento Italiano je casse la croûte et sympathise avec Jérome qui voyage autour du monde depuis deux ans avec son hamac et l'on rejoint le Camping Los Cuernos après deux heures de marche. Celui là est bien équipé du coup, après une douche chaude (rhhaaaa) et une bière fraîche, je m'offre un resto, enfin plutôt le menu du jour (riz et poulet), ce qui est un luxe comparé à mon quotidien à base de barres céréales, d'avocats et de chorizo. 

Je retrouve aussi mes anges d'El Calafate qui ont fait le circuit du W dans l'autre sens et l'on partage un verre de vin chilien (plus sucré que le vin français et délicieux). Demain grosse journée pour monter au clou du spectacle, les fameuses Torres.
Mais au moment d'aller me coucher, mes voisins chiliens sont vraiment bruyants, je sors leur demander de faire moins de bruit, mais ils m'accueillent avec un pétard, et je décide alors qu'il n'est pas si tard et l'on discute encore jusqu'à pas d'heure avec Jérome, Beto et Cami en comparant les accents des différentes régions du monde.



27/02 Los Cuernos => Las Torres

Los Cuernos au lever du soleil

Encore une grosse journée de marche vers les Torres. Nous cheminons de concert avec Jérome. 


Je continue de croiser sur le chemin toutes les personnes rencontrées le soir au bivouac. Le camping des Torres est aussi basique que celui des italiens mais avec beaucoup de charme avec son petit ruisseau qui glougloute au milieu des tentes et où l'on va puiser l'eau dont on a besoin. Comme on a bien marché, je décide de monter avec Rick et Michael jusqu'aux Torres à 45 minutes de marche bien raide histoire de repérer les lieux pour le lendemain. 


C'est nuageux mais on sent déjà bien la magie du site. D'ailleurs je finis carrément en courant, et en  sautant de pierre en pierre en pierre, totalement pris par la beauté du lieu. Le moment de sidération passé je redescends au camping et là, les guides du parc ont sorti les instruments de musique. Du coup, on improvise un blues vite suivi d'un boogie avec Xavier, un guide qui joue de la guitare et débute à l'harmonica. Les Chiliens rencontrés le premier jours sont également dans le coin.
La nuit, il pleut, mais l'on espère tous que ça va dégager le ciel pour le lendemain.
Et c'est le cas !

28/02 Lever de soleil sur Las Torres
Réveil à 5h, j'échange mes derniers carrés de chocolat contre un café et nous partons à l'attaque de la montée... sous les étoiles, à la lampe frontale. C'est raide, et je puise dans mes dernières forces pour atteindre le sommet.


L'aube pointe son nez lorsque nous arrivons face au lac, au pied des « torres » et lorsque les premières lueurs du soleil viennent nimber de rose les « torres », les appareils photos crépitent et j'entame le boogie blues des torres !



A la redescente , 800m plus bas et 5 h de marche plus tard, 2 africas twins immatriculées en France me narguent sur le parking de l'hôtel/lodge de las Torres, à la sortie du parc. 


Encore une heure 30 de marche sous le cagnard, pour rejoindre la laguna amarga et le terminal de bus. Je prends congé de tous ces nouveaux amis rencontrés sur le chemin, Sebastian, Vincente, Felipe, Martin, mais aussi Emma (GB), Michael (All) , Rick (Nl), Nico (Chili), et je reprends le bus vers puerto Natales après m'être assuré du changement possible pour El Calafate où j'ai laissé la moitié de mes affaires.

Conclusion : après quelques jours déconnecté du monde on est davantage dans le réel, et c'est décidément bien en sortant de sa zone de confort que la vraie vie commence !



Les photos suivantes illustrent la diversité des paysages rencontrés au cours de cette superbe randonnée de 5 jours et 4 nuits

Au coeur de la Vallée Frances


Parfois on chemine dans un petit sous bois


Parfois le chemin ressemble davantage à une pierrier

Parfois on emprunte des ponts suspendus...



Mais la vue est toujours belle



voire même très belle

La signalisation a de l'humour

L'eau ne manque pas

Mais les ponts laissent parfois à désirer ! :)




La vue sur la vallée en redescendant


Cet "ossuaire" de forêt brûlée par un campeur imprudent il y a quelques années nous rappelle d'être excessivement prudent avec le feu

Un dernier coup d'oeil sur le parc avant de repartir vers le terminal de bus... snif c'est déjà fini














7 commentaires:

  1. Je pense que la phrase que j'ai aimé la plus, et que résume tout, ça serait
    ''... et je décide de me poser sans aller plus loin et de profiter de l'instant magique d'extase panoramique. ''
    C'est si simple et beau qu'on peut le resentir d'ici.
    Le monde est incroyable :):

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  2. Nada más que agregar... salvo: INCREÍBLE :)

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  3. Salut Eric,

    Merci pour ton texte qui permet de ressentir la magnificence des lieux.
    Profite de chacun de ses instants magiques ou l'on se rend bien compte qu'il n'y a pas besoins de superflu pour vivre de grand moment;

    Philippe Stoppacher

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  4. Salut Eric!
    J'ai rattrapé mon retard de lecture: waow! ça commence trèèès fort!
    L'extase, on l'a un peu aussi en regardant tes superbes photos dignes de Géo, et en lisant tes commentaires qui les font vivre mieux qu'aucun livre.
    J'attends ton prochain billet avec impatience!

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  5. Salut Eric,
    je viens de lire ton blog, maintenant de par ta faute, je rêve de partir visiter le monde !
    Grand merci de nous partager ton voyage, tes commentaires magiques et tes superbes photos.
    Jean-Pierre Cressent FFMC83

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  6. je me regarde à nouveau les photos..... t'as raison, y'avait comme même quelques pierres sur certains chemin!!!!! aïe les pieds et les chevilles..... mais pour les yeux, c'est l'extase!!

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