vendredi 30 octobre 2020

Zero invente la moto furtive

 6 mois à la découverte de la DSR

Bon…  c’est l’heure de faire mon coming out ...

 


L’été dernier, sortant de 3 mois de confinement, pendant lequel j’avais dépensé 25 euros  par semaine à Lidl, sans arrêter de télétravailler, j’ai décidé de me faire plaisir. Un achat pas très rationnel afin explorer l'une des solutions de mobilité que le « nouveau monde » nous promet pour 2040 : l'électrique. 


 

Ce n'était pas une démarche écologique (je ne suis absolument pas sûr que l’électrique soit enviable « écologiquement » parlant), je voulais juste découvrir ces nouveaux bidules en utilisation « au quotidien » et non pas lors d’un essai d’une heure. Sur un essai court, on sort juste ébouriffé par les accélérations dantesques de la bête, mais l’on n’a guère le temps de découvrir les emmerdements du quotidien.

Après avoir beaucoup comparé les modèles (ce n’est pas l’objet de ce papier mais vous pouvez poser des questions en commentaires ;), c’est sur la Zéro DSR que j’ai jeté mon dévolu. J’avais eu la chance de l’essayer dans le cadre d’un papier sur la moto électrique pour Motomag il y a un an ou deux. Un petit trail/roadster routier polyvalent. A 17 000 euros le morceau en neuf, et un marché de l'occase peu développé, je n’avais pas trop d’espoir d’en trouver une dans mes moyens. Je projetai déjà de me rabattre sur une supersocco, bidule chinois à 5400 euros (un équivalent 100cc). Le reste du marché n'étant constitué que de scooters électriques ou de protos vraiment hors de prix.

Les hasards de la chance m’ont donné l’embarras du choix. Le bon coin proposait une DSR à 9000 roros, idem pour le concessionnaire Zero de Bastille mais avec les sacoches. J’ai cassé la tirelire, rallongé au bout, et choisi la simplicité : les 6 mois de garantie du concess pour un modèle 2016 totalisant 42000km.

Contact !

Je dois vous narrer ma première sortie en Zéro. Elle est à l’image de beaucoup de celles qui vont suivre. Au deuxième feu,  un gars en Tmax arrive à mes côtés… Échange de regards, il est interloqué : « tu as calé ? »

Je n’ai pas vraiment le temps de répondre car le feu passe au vert, et le Tmax, très sûr de son fait envoie les gaz. Il a l'air habitué à déposer tout ce qui bouge.

Bon… là ça lui a fait tout drôle apparemment… Au feu suivant, il me rattrape et m’interpelle héberlué : « mais c’est quoi ce trûuuuc ? ». Et ouais, va falloir s’y faire, le Tmax n’est plus le roi du 100 m  DA.
J’ai eu l’occasion de recroiser à plusieurs reprises ces regards interloqués de propriétaires de grosses cylindrées qui se font déposer par cette petite machine à l'esthétique banale mais née dans un univers parallèle. J’ai toutefois rapidement arrêté de jouer à ça : certains sont tellement énervés de se faire déposer qu’ils en prennent ensuite des risques inconsidérés dans la circulation pour repasser devant.

La différence entre un homme et un petit garçon : le prix de ses jouets...

Mais le truc le plus bluffant, en fait, c'est le silence, l'impression de se déplacer en tapis volant. C’est sûr, ça surprend les autres qui ne t'entendent pas arriver. Du coup, ça me force à adopter une conduite « vélo » (mon autre moyen de déplacement pour les petits trajets dans Paris ), 35 km/h , doigt sur la sonnette, ou alors je chante, ou siffle en roulant. Tout ça pour attirer l’attention des piétons ou cyclistes qui traversent à l'aveugle et « au bruit », capuches ou écouteurs sur les oreilles, voire même regard sur le smartphone. Clairement, c'est à toi de faire attention à eux...!

Moteur !

Une simple rotation très mesurée de la poignée droite et on passe du vélo au dragster. Le plus surprenant :  les démarrages canon s’accompagnent d’un silence quasi-total.
Une petite virée en Essonne, de nuit, m'a donné cette sensation étrange,  quasi  irréelle  : traverser des petits villages de nuit dans un silence total , on a l'impression d'être dans un F117, les avions furtifs indétectables de l’aviation US.

Alors c’est sûr que le bruit manque parfois. Le doux vrombissement d’un V twin, le ploum ploum d’un mono, le feulement du trois pattes, bref…. Je suis sûr que certains vont finir par installer une enceinte bluetooth dans le tête de fourche et programmer son « son ».  

Avec le silence, on y gagne un relationnel apaisé avec les autres usagers de la route dont les réactions suivent presque toujours le schéma : surpris ? étonné ? intrigué ? Les moins grincheux finissent par décrocher un sourire, mais il faut vraiment se méfier lorsqu’on aborde un carrefour et où l’on n’est pas annoncé par son cortège de décibels.

 Continuons sur les premières impressions. Je pensais être dérouté par l’absence d’embrayage/boite, et pas du tout :  la puissance étant disponible, immédiatement et copieusement, à tous les régimes…  Aucun besoin de tomber un rapport, les accélérations sont instantanées. Ce truc dépose absolument tout ce qui bouge sur 2 roues.

Mode Geek

Avec un smartphone et en Bluetooth, on peut aussi paramétrer les modes disponibles, plus ou moins de puissance, de frein moteur, de récupération d’énergie au freinage, etc… Un vrai  truc de geek, j'vous dis !   

En dehors de ce mode "paramétrable", on dispose également des modes "éco" et "sport".  Une mise à jour du système de gestion du couple batterie-moteur par le très compétent Sébastien de Doc biker Bastille a même permis de gommer un trou à l'accélération des premières versions.

On ze road !

En évolution dynamique, on sent que la répartition du poids est particulière. Une thermique, c’est 80 kg de moteur et 20 kilos de carburant. L’électrique, c’est l’inverse. Du coup, on a l’impression d’avoir une enclume posée dans le bas de carénage. Mais on s’y fait bien, car le petit gabarit de la moto lui permet de rester assez agile. Attention à la remise de « gaz » sur l’angle, ça peut surprendre… la cavalerie débarque brutalement.

La très simple prise électrique qui permet de se brancher n'importe où sur le secteur  (1.3A)

 

Clairement pas une voyageuse, et c'est dommage !

Et côté autonomie ça donne quoi ? 200 km en usage urbain, largement suffisant pour mon utilisation Paris-Montreuil. Mais l’autonomie s’effondre dès qu’on aborde l’autoroute. En ville ou sur petite route, la moto se recharge sur les ralentissements grâce au frein moteur. Sur autoroute, que dalle. Je n'ai pas encore testé l’autonomie réelle sur route (à priori 100km), et pas envie puisque c’est ensuite 8 heures de recharge pour retrouver sa pleine capacité ! A moins de disposer du super chargeur qui permet de diviser par deux ou trois (suivant modèles) les temps de charge mais ils ne sont pas donnés (entre 1000 et 2500 euros) et ça encombre le top case… Je préfère me dire qu’elle n’est pas faite pour ça, mais c’est dommage : j’ai toujours adoré les descentes de col en roue libre et en silence avec le tiger. Sur ce terrain là, la zéro ferait merveille tout en rechargeant sa batterie dans les descentes ! :), mais il faut réussir à l’amener jusque-là … en train , sur une remorque, ou en plusieurs étapes !! (wish list pour l’été prochain).

Donc pour les vacances, je garde mon fidèle 800 Tiger , un vrai couteau suisse de la moto. Et puis aussi, mais ça c’est pour les manifs et par insoumission,  un vieux 250 XLR (Année 84, norme euro 0 ou -1 :D ) 

Au quotidien, je recharge une fois par semaine dans la cour des locaux FFMC / Motomag (et je dépose une obole dans la caisse de solidarité de la FFMC PPC pour couvrir le coût de la recharge (60 centimes à 2 € suivant état de la batterie). 

Je finirai ces premières considérations sur cette Zéro par le dialogue surréaliste le plus courant avec mes potes motards :

« C’est quoi la cylindrée ? »
« Ben c’est une électrique, y’a pas de cylindre »
« Oui, ok , mais ça fait combien en cylindrée ? »

Comme je suis taquin je réponds 50 kilowatt, c'est à dire 67 chevaux...  Mais pour les amateurs de fiches techniques, c'est surtout le couple monumental de 14,7 mkg (plus qu'un Vmax!) qui marque...  Voir l'essai sur Motomag 

Un avis, des questions ?  > Section commentaires !


 

J’aime / j’aime pas

J’aime

L’entretien réduit strict minimum : pneus, plaquettes (ni soupapes ni vidange)

La courroie propre et sans entretien (Mais FRAGILE MAJ 09/2021)

Discrétion

Accélérations canon

Coût d’utilisation minime

Selle ferme mais confortable


J’aime pas

Pas possible de se réchauffer les mains sur le moteur en hiver

Pas de grands voyages (sauf si beaucoup de temps et d’amis en chemin)

Prix d’achat

Esthétique quelconque

 Courroie fragile aux gravillons ( > Offroad déconseillé :(