mardi 5 mai 2015

Trinidad - Camagüey


Pour Trinidad, le bus est bien plein. J'ai bien fait de réserver avant. C'est le bus Viazul, simple mais climatisé, celui des touristes, tandis que les cubains prennent une version plus rustique et moins cher voir même carrément un camion, où ils voyagent debout. A l'arrivée, j'écarte poliment la horde des Jineteros et propriétaires de casa cherchant à placer leur hébergement et me balade sac au dos en compagnie de Gosia, de Pologne au hasard des petites rues de Trinidad. C'est une des villes les plus anciennes de Cuba, et ça se voit. Les pavés sont d'époque, les maisons aussi, et le centre historique bien entretenu ne manque pas de charme.



le marché des artisans de Trinidad


Gosia retrouve ses potes polonais et je finis par échouer chez le sympathique Delvys et sa casa à 15Cuc la nuit (record battu) et son petit dèj' à 3Cuc. Quand on sait que le salaire moyen des cubains est de 20cuc, on se rend compte de la manne que constitue les touristes et pourquoi nous sommes tant sollicités.  (rappel 1 cuc = 1$)

la vieille église qui domine la ville 

et la vue qui va avec...

Ils hallucinent tous quand je raconte mon voyage de dix mois autour du monde, sont étonnés que je ne sois pas marié avec enfants (les cubains sont très « famille »). D'ailleurs Delvys ne manque pas de me vanter les balades à cheval organisées par son cousin Johan et je me laisse tenter.

Je grimpe donc sur Negrito, un peu plus nerveux que Tequila de Viñales et je me fais plaisir dans quelques galops qui n'auront pas raison de mon postérieur. Il m'emporte jusqu'à une petite rivière à moitié à sec, et la payotte de Judel qui moud son café au pilon en rythme et me le sert agrémenté d'un cigare cubain « suave ».



Comme il y a aussi un vieux avec sa guitare, on improvise une petite jam sur rythme cubain fort enthousiasmante. Las, la cascade est à sec aussi, et je me rabat sur un guarapo, jus de canne à sucre pressé, avec une pointe de citron vert et des glaçons.




Au retour, je me balade à cheval dans les rues de Trinidad, et me prends pour le roi d'Espagne en visite dans ses colonies.



Le lendemain, je m'offre une excursion « Cubatour » sur les hauteurs du massif de l'Escambray, à Topes de Collantes, qui m'avait été recommandée par un couple de français dans le bus.
On y va dans un vieux camion russe de l'armée, et arrivé à 800 m d'altitude, la fraicheur me fait un bien fou après une semaine à plus de 30°, nuits comprises.



Dans le camion il y a aussi Sonia, une suisse à l'enthousiasme communicatif, et Gilles et Laurent deux français qui me font hurler de rire avec un humour teinté de cynisme bien français.

J'aperçois un tocororo l'oiseau national (bleu blanc rouge) de Cuba, et notre guide nous fait découvrir les senteurs des plantes exotiques de cuba.

Une belle collection de broméliacées pousse sur cet arbre 
une grotte sur les hauteurs de Topes de Collantes

aromathérapie made in Cuba !

un caféier

un tocororo, l'oiseau emblème de cuba




Après une jolie cascade, celle ci, bien alimentée en eau, on finit en faisant trempette au milieu de la jungle avant de rallier un petit resto et son almuerzo bienvenue après trois heures de marche.




L'après midi, Sonia m'embauche comme garde du corps pour aller traîner dans ce que l'on appellera la Favela de Trinidad, sur les hauteurs de la ville, avec sa population colorée, bien plus pauvre que dans les quartiers plus touristiques. Officiellement, il n'y a pas de racisme à Cuba... En réalité, on voit bien qu'ici comme ailleurs, les classes sociales sont avant tout question de couleur de peau, et quelques discussions me font toucher du doigt à quel point le racisme est bien ancré dans une grande partie de la société cubaine.



Je me sens comme le joueur de flûte de Hamelin, en jouant de l'harmonica pour les enfants de Trinidad pendant que Sonia prend les photos.


le base ball est le sport national à Cuba

Mais après 3 nuits à Trinidad, il est temps de s'envoler vers Camagüey, vers l'est de Cuba. Je réalise en récupérant mon linge lavé par la voisine de Delvys, que celui ci a du sécher dans la cuisine, odeur de graillon oblige. Bah... ça fait quelques jours que je suis à court de déo et que les odeurs ne me dérangent plus !


Dans le bus pour Camagüey, je fais la connaissance de Vincent, un parisien très sympa, et de Tchi San de Corée et l'on arpentera ensemble le labyrinthe de petites rues de la ville. Elle ne manque pas de charme non plus, mais quelques crans en dessous de Trinidad.











L'avantage est que au fur et à mesure que l'on s'éloigne de La Havane, il y a de moins en moins de touristes, on est moins harcelé, et que tout est moins cher, voire beaucoup moins cher quand on peut payer en pesos cubains. Je m'offre ainsi un Sundae délicieux chez Copelia, la chaine de glaciers cubaine pour 3 pesos, soit environ 12 centimes d'euros.



Mais nous sommes le premier mai... et la saison des pluies qui s'est longtemps faite attendre (il n'avait pas plu depuis 7 mois sur l'ile) est à l'heure du rendez vous de la fête du travail.



Des trombes d'eau s'abattent sur Cuba et sur nous avec, et nos projets d'escapade à la plage s'éloignent... J'en conclue qu'il est temps d'amorcer le retour vers la Havane car le jour du départ pour la Colombie se rapproche.

Tchi San et Vincent continue vers Santiago de Cuba, et nos tentatives respectives pour trouver un moyen de transport sont épiques. Les bus sont tous complets nous dit-on au téléphone.
On aurait bien tenté le train, malgré les cris horrifiés de Juan, un ami cubain de Vincent, mais rien que l'état de la gare de Camaguey nous en dit long sur l'état du système de transport ferroviaire cubain. Et lorsque l'on veut acheter un billet, on se voit répondre, sur un ton pas forcément aimable qu'il faut attendre 1 h du matin pour acheter un billet pour le train de 3 h du matin...



Du coup, on va quand même au terminal de bus, pour acheter un billet pour le lendemain, et là surprise, si si... il y a bien de la place pour Santiago de Cuba. Pour La Havane, je me laisse tenter par la formule du taxi collectif dont les rabatteurs officient avec diligence devant le terminal de bus.
J'échoue dans la voiture de Dimitri, avec instruction de dire que c'est un ami si on se fait arrêter par les flics. Ben oui, ce n'est pas un taxi officiel, et transporter du monde contre rétribution pourrait lui valoir des soucis avec les autorités. Pour à peine plus que le billet de bus, mais avec l'avantage du « porte à porte » me voilà en route pour la Havane.

En route pour La Havane

Dimitri est un « taxi illégal » comme il l'affirme avec un large sourire. Il symbolise à lui tout seul le système D à la cubaine comme vous allez le voir.
Il m'avoue que pour pouvoir me « charger » à Camagüey, il a du donner 10 Cuc au rabatteur. "Les taxis sont une vraie mafia" me dit-il.
En chemin, on s'arrête devant une station service où il fait signe à un gars qui grimpe dans la voiture et nous voilà parti dans les petits chemin de terre jusqu'à une baraque d'où sortent deux gars avec des gros bidons d'essence qui lui font le plein. 'Illegal benzine' m'indique Dimitri toujours avec son large sourire.
En cours de route on s'arrête à Ciego de Avila pour prendre un autre passager mais celui ci n'est pas au rendez vous...:( Du coup on finit à deux jusqu'à la Havane à des vitesses totalement prohibées mais dont je ne connaîtrai jamais la valeur car Dimitri a débranché le compteur de sa voiture de location pour ne pas payer les kilomètres en trop.

Après deux cent kilomètres de petites routes à tombeau ouvert, y compris sous la pluie (« Prefiero vivir que llegar temprano » me plais-je à lui répéter) et une amende pour excès de vitesse (sic...) on emprunte la Carretera Central, l'autoroute qui traverse tout l'île d'est en ouest.
Enfin... quand je dis autoroute, je devrais dire large bande de mauvais bitume à plusieurs voies de largeur variables, où l'on croise tour à tour des carrioles à cheval, des vaches, des vendeurs de fromage et de fruits , des vélos (dont un qui a vu passer la mort passer de très très près...) et un assortiment hétéroclite de véhicules à moteur en tout genre.


A l'arrivée à la Havane, Dimitri charge un ami à lui pour aller causer du pays à « El Flaco » le parrain local de la mafia des taxis, avec qui il semble avoir un compte à régler. Heureusement il ne se trouve pas au terminal de bus où nous faisons une courte halte. Comme Dimitri ne connaît pas précisément la route, je bénis le ciel d'avoir téléchargé sur mon téléphone « Here », une application de guidage par GPS « offline » qui ne nécessite pas d'être connecté à internet pour fonctionner et grâce à elle, j'arrive sain et sauf avec au moins deux heures d'avance sur l'horaire de bus à la maison de Barbara... Ouf !

1 commentaire:

  1. Au delà de l'impression de te suivre dans un film à suspens ;-), je suis en admiration devant les façades colorées de Trinidad ou Camagüey. Biz

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