vendredi 24 novembre 2017

Abydos - Dendérah

21/11

Pour aujourd'hui, je me suis laissé convaincre par Rohini de l'accompagner pour une excursion vers les temples d'Abydos et de Denderah, respectivement à 170 et 70 km au nord ouest de Louxor. Elle a besoin d'un compagnon de voyage pour partager les frais. Louxor et son harcèlement de rue permanent ne m'attire plus, et c'est l'occasion de voir autre chose. De plus, Rohini a négocié comme une forcenée pour décrocher l'excursion à 50$ (à diviser par deux, donc).
Départ vers 7h30, mais à l'arrivée au check point de la route du désert, il semble y avoir un problème. Après avoir parlementé avec les flics, le chauffeur se tourne vers moi : "you have 50 pounds please, government money". La route est interdite aux étrangers depuis le regain d'activités terroristes dans le désert, et il faut filer un petit bakchich pour pouvoir passer... Je m'exécute sans maugréer car sinon, il faut prendre la route lente qui longe le Nil et on doublera notre temps de parcours, sinon plus.
2 heures plus tard on arrive devant le temple dédié à Osiris d'Abydos, construit par Séti premier et "amélioré" ( c'est à dire " récupéré") par Ramsès II.

Le temple d'Abydos, consacré à Osiris

Abydos : les colonnes massives de l'entrée

Les anciens égyptiens aidés par les extra-terrestres ?
Dès l'arrivée, notre guide attire notre attention sur d'étranges hieroglyphes placés en hauteur et semblant représenter un hélicoptère, un char de combat et une soucoupe volante.  

Le linteau qui a déchaîné les fantasmes des fans de "stargate" avec "hélicoptère" et "char de combat"

J'en avais entendu parler et je suis ravi d'y être confrontés alors que je ne savais pas qu'il s'agissait de ce temple. 
Ces hiéroglyphes sont la "preuve" pour certains conspirationnistes que les anciens égyptiens auraient bénéficié de l'aide de civilisations avancées pour leurs réalisations. En réalité, il s'agit d'un palimpseste, procédé par lequel la réutilisation d'un support d'écriture (et donc le recouvrement de deux mots) créent l'illusion d'un nouvelle forme. Dommage, ca faisait une belle histoire invraisemblable... :D




Une fois à l'intérieur du temple, c'est l'émerveillement. Les sculptures sont dans un état de conservation stupéfiant. La finesse des gravures, qui ont souvent conservé leurs couleurs d'origine est toute simplement incroyable. C'est  à ce moment là que je me suis dis que j'avais bien fait de venir.

Scène d'offrande aux Dieux : Ici le pharaon indique qu'il a fait construire le temple en l'honneur d'Osiris

Le Pharaon recoit les insignes du pouvoir des Dieux
Abydos est également célèbre pour la "table d'Abydos" qui contient la liste (presque) complète des 76 pharaons qui ont précédé Sethi depuis la toute première dynastie. Cette liste fut précieuse pour comprendre et connaitre l'histoire dynastique égyptienne.
Toutefois, c'est aussi la preuve de la manipulation de l'histoire "officielle" puisque manquent à l'appel deux noms que j'ai évoqué dans mes précédents billets : Hatchepsout (car c'était une femme) et Akhénaton (le pharaon hérétique) censés n'avoir donc jamais existé.



Isis, sous la forme d'un petit oiseau, ressuscite Osiris en se posant sur son "petit oiseau" à lui 

Isis (ou Hathor , on s'y perd...) donnant le sein au pharaon pour accréditer sa nature divine

Spotlight : le rayon lumineux devait probablement éclairer une statue à certaines date/heures de l'année. Des "jeux de lumière" que l'on retrouve aussi dans de nombreuses églises chrétiennes (Orcival, Vézelay, ...)

A l'arrière du temple se trouve ce qui est probablement les restes de la tombe de Sethi premier.
Obsédé par mes parallèles entre civilisations antiques, j'y retrouve des analogies avec le Cairn de Gavrinis en Bretagne, ou les tombes précolombiennes de San Augustin en Colombie : il semble que dans toutes les civilisations, on ait aimé enterrer les grands hommes sous d'immenses blocs de pierre gardés par des statues et enterrés sous un monticule de terre ou de pierre. Et ce quelque soit les périodes ou la localisation géographique...

L'Osireion

On retrouve aussi ce "mur inca" avec ses blocs de pierre caractéristiques avec leur protubérances (destinés sans doute à la manipulation des pierres.

Après Abydos, en route pour Dendérah. Mais en sortant d'Abydos, on a droit à une véritable escorte de pick up avec militaires armés jusqu'aux dents. Dans ces cas là, on ne sait pas si on doit se sentir rassurés ou au contraire inquiet :D.

A Dendérah, on change carrément de style et d´époque puisque c'est un temple de l´époque Ptolémaïque, c'est à dire près de 1000 ans après Abydos. Il y a pourtant une grande continuité architecturale.

La dynastie des Ptolémée descend d'un des généraux d'Alexandre le Grand qui après sa conquête de l'Egypte a eu la bonne idée d'adopter les us et coutumes (et religion) du pays. C'est donc à eux que l'on doit la fameuse "Pierre de Rosette" qui permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes. La pierre de Rosette est un décret affirmant l'autorité de Ptolémée V sur le pays,  rédigé en grec, démotique et en hiéroglyphe ce qui permit de décrypter ces derniers.
Il est incroyable de constater la continuité de la civilisation égyptienne qui a duré près de 2500 ans, soit davantage que la période qui nous sépare de la naissance du Christ !

Dendérah est un temple consacré à la désse Hathor. C'est la déesse de l'amour, de la musique, de la joie et de la maternité. Souvent associée à la Déesse Aphrodite, elle est parfois symbolisée sous la forme d'une vache. C'est aussi la femme de Horus, le dieu à tête de faucon, fils d'Isis et d'Osiris.
Le temple d'Hathor à Denderah


Résurrection d'Osiris par Isis et Neftis 

Martelage de la tête d'Hathor par les chrétiens coptes : Hathor, déesse du plaisir n'a pas eu l´heur de leur plaire. Quels peines à jouir ces curetons. 

Toujours le linteau des portes avec le double cobra ailé en protection

Salle Hypostyle du temple de Dendérah

Cléopatre, présentant Césarion aux Dieux

Hathor donnant le sein au Pharaon

Une figure intacte de Hathor, avec ses oreilles de vache
Après Denderah, retour à Louxor et petite explication avec notre guide qui semble considérer que le pourboire est obligatoire, je lui explique que j'ai dépensé mon budget "pourboire" en payant le Bakchich de la "route du désert" et on en reste là mais il n'est pas content. Tant pis pour lui, il faudra arrêter de prendre les touristes pour des vaches à lait aux fonds et mamelles inépuisables...

Reste une superbe expérience dans des temples très différents de ceux que j'ai pu voir jusqu'ici et surtout totalement déserts (car en dehors des sentiers battus), après les foules de Karnak et Louxor. De plus, ici,  pas de taxe "photo" , on soigne d'autant plus le touriste qu'il se fait rare.

Demain changement complet de destination avec départ pour Dahab sur la côte orientale du Sinaï pour une dizaine de jours au bord de la mer rouge (Golfe d'Aqaba pour être précis) et espérons le de belles plongées dans une mer pas trop froide.


PS : pour ceux qui ont entendu parler de l'attentat dans le Sinaï, c'est dans le nord a 6 heures de route de la où je suis maintenant. Tout va bien... pour moi.

3 commentaires:

  1. Salut 'Esteban' !
    Quelle lesson d'histoire ! Je ne retiendrai probablement pas, mais c'est fascinant de découvrir comme tout était fait/construit pour une utilité et une raison, jusqu'au petit carré pour laisser passer la lumière pour la statue !
    Profite de la plongée et du reste du voyage, les attentats on ne peut pas trop les voir en avance de toute façon. Plein de joie, amor et bonne humeur (comme Hathor avait l'air de transmettre) :).

    RépondreSupprimer
  2. Un grand merci de tout cela qui met du baume au coeur en cette journée de grisaille parisienne.

    RépondreSupprimer
  3. Quel bonheur de te lire !!! Merci merci merci !
    France

    RépondreSupprimer