Après l'escale Kuala Lumpur (voir galerie FB), le Népal
me tend les bras. Très attendu comme le « bouquet final » de ce voyage autour du monde, il a tenu ses promesses.
Optimisme népalais
Petit pays (26 M d'habitants) coincé
entre les deux poids lourds de la planête que sont l'Inde et la
Chine, le Népal, en mettant fin en 2008 à des années de quasi
guerre civile (et au régime monarchique en passant), avait opté
pour une république démocratique et porté au pouvoir un régime
communistes. A noter que c'est sans doute une des rares instances
dans l'histoire du monde ou un régime communiste s'impose par des élections libres et non par une révolution. Résolument optimiste, les
népalais avaient de quoi espérer, avec le renouveau du tourisme
attiré par les innombrables possibilités offertes par leur pays
(montagnes, jungle, temples, …).
Las... en avril dernier un tremblement
de terre ravageur le frappe par deux fois en avril et en mai. Et
comme un malheur n'arrive jamais seul, le pays subit depuis deux mois
et l'adoption de sa nouvelle constitution un embargo injuste et qui
ne dit pas son nom de la part de l'Inde. Du coup, plus de gaz ou
d'essence (dont le prix a quadruplé au marché noir), et des manques
criants de produits de première nécessité, alors même que l'on
s'apprête à aborder le rude hiver Népalais et que des dizaines de
milliers de Népalais dont les maisons ont été détruites lors du
tremblement de terre vivent encore sous des tentes et dans des
conditions très précaires. Ici et là, et notamment dans la région
de Kathmandou, on voit aussi de nombreuses maisons soutenues par des
étais, faute de mieux...
Des traces encore visibles du séisme sur des vestiges historiques de Kathmandou |
Les pénuries ne sont pas une vue de
l'esprit. J'en veux pour preuve notre bus qui tombe en panne
d'essence à quelques kilomètres de sa destination, ou l'avion qui
m'emporte vers Sharjah, obligé de faire escale en Inde pour faire le
plein car il n'y a pas d'essence. Enfin les coupures d'electricité sont nombreuses et aléatoires et obligent à bien gérer son capital batterie.
A défaut d'essence, on occuppe les bus au mieux, et quand il n'y a plus de place, on voyage sur le toit |
Cependant, pas de révolte ni
d'agressivité dans les réactions des Népalais, et plutôt de
l'inventivité que de la résignation, pour eux, pourtant réduits à
revenir à de la cuisson à bois pour faire la cuisine, au détriment
de la forêt Népalaise... Mais a-t-on les moyens de faire de
l'écologie lorsqu'il en va de sa survie à court terme... ?
Pas d'angélisme non plus. Un peu comme
en Inde, il faut ici développer son assertivité. J'en ai fait
l'expérience alors que je n'ai même pas atterri à Kathmandou et
que je fais la queue devant les chiottes de l'avion. Un népalais me
passe devant, je pense qu'il va s'asseoir à l'arrière de l'avion,
mais non, il vient juste de me griller ma place. Je lui tape
gentiment sur l'épaule et lui explique, avec le sourire, que c'est
chacun son tour, et je lui repasse devant. Il faut juste ne pas être
timide, et ne pas se laisser marcher sur les pieds. Idem pour la
bagarre de l'accoudoir dans l'avion...
Enfin, 30 fois par jour on vous
sollicitera pour vous vendre des breloques, du Haschich, un taxi ou
un tour en Rickshaw, etc... Mais toujours avec le sourire...
A l'arrivée à Kathmandou (Ktm) depuis
Kuala Lumpur, le changement est radical. L'aéroport, rustique, m'a
rappelé celui de La Havane. J'ai voyagé de concert avec deux
francophones, Martin, francais, et Yacine, belge. On partage un taxi
et on se retrouve dans le centre à la même auberge dans le quartier de Thamel dont on
déguerpit dès le lendemain après une mauvaise nuit rythmée par
les bruits de boite de nuits, les aboiements de chiens, les klaxons
de voiture et les conversations bruyantes de la fenêtre donnant sur
rue.
La place historique de Patan, un des quartiers historiques de Kathmandou |
Mais c'est un bien triste vendredi
13... Lorsque les nouvelles de France nous parviennent, j'ai un gros
coup de blues en pensant aux copains et à la famille qui ont fait
face, dans mon propre quartier, à la plus odieuse des combinaisons :
stupidité, haine et lâcheté, à deux pas de la rue
saint maur ou je suis allé jammer si souvent.
Mais dans notre nouvel hébergement,
avec son jardin, sa terrasse sur le toit, et ses douches -vraiment-
chaudes, Kehm, le propriétaire a eu une idée qui m'a beaucoup
touché. A l'aide des drapeaux de prière tibétains multicolores, il
a constitué une banderole improvisée aux couleurs de la France. Un
joli signe que malgré ses difficultés autrement plus rudes et
durables que les nôtres, le Népal pense à nous aussi et est
solidaire. Chaleur...
Je passe 2-3 jours avec Yacine à Ktm,
ville vivante et hyper polluée avant de filer à Pokhara.
Entretemps, en discutant avec d'autres voyageurs j'ai fait mon
choix : ce sera le « Annapurnacircuit », une boucle de 12
jours autour du massif des Annapurnas.
Pokhara, au bord de son lac, et bordée
de Pics enneigés, fait figure d'oasis de calme après le chaos de
Kathmandou.
Je débarque dans l'adorable guesthouse « Little
Budha », où Rajou, Babita, Ramlal, Motina, et Little Budha
lui même m'accueillent comme un membre de la famille. Rajou me prête
des bâtons de randonnée et une carte, Babita m'amène au marché
« local » pour trouver veste et pantalon de trekking
adhoc, Mothina soigne mes cafés au lait du matin, et Little budha
s'escrime à souffler dans mes harmonicas tandis qu'on jam dans la
cour de l'auberge avec les musiciens de passage et autres résidents de l'hotel.
Deux jours plus tard, je suis prêt à
attaquer le trek autour de l'Annapurna.
Comme le temps est compté, je
court-circuite les deux premières étapes en prenant une jeep
jusqu'à Chamche puis c'est parti, sac au dos dans la montagne.
Rapidement, je tombe sur une bande de
sympathiques francais, Vincent, Malia, Justine, et allemand, Falk,
et on se suivra jusqu'à Thorung Phedi, 4500m d'altitude plus haut, également rejoints par Corentin et Ben.
Le soir on squatte dans des guesthouse
simples mais accueillantes et avec une nourriture goûtue (rhhaaa
le Dal Bhat...) ce qui évite d'avoir à gérer de logistique bouffe
/camping. Car le circuit de l'Annapurna, loin d'être une "zone de trekking à touristes" est une région comportant de nombreux villages et communautés.
La viande de Yak sèche au dessus du fourneau |
moulin à prières omniprésents |
Heureusement que la bouffe est copieuse, car au vu des efforts consentis dans la
journée, il faut ça. On dévore le soir sans en laisser une miette, on se lève tôt le
matin car la nuit tombe vite dans les vallées, et on ajoute les
couches de lainages au fur et à mesure qu'on monte en altitude.
On grimpe dans des paysages somptueux
de plus en plus grandioses avec l'altitude, mais plutôt que de vous
assommer de superlatifs, je vais laisser un peu causer les photos...
:)
Day
2 Chamche (1385m) - Danaqu (2200m)
La route est littéralement creusée dans la falaise |
Day
3 Danaqu (2200m) - Koto (2640m)
Les nuits deviennent fraîches
Les nuits deviennent fraîches
Day
4. Koto (2600m)- Upper Pisang (3300 m)
Le joli temple qui surplombe Upper Pisang |
Day
5 Upper Pisang 3300- Nawal 3660
A upper Pisang, à défaut de free Wifi, notre hôte nous offre de la free ganja de son jardin |
Une de mes photos préférées : le village d'Upper Pisang avec ses cheminées qui fument dans le petit matin |
Pause musicale à Gyarhu |
arrivée sur Nawal en fin de journée
|
Day
6 Nawal (3660m) - Manang (3690m)
Comme un air de Minas Tirith dans ces paysages dignes du seigneur des anneaux |
Day
7 Manang (3690m) - Yak Kharka (4050)
En route vers l'aride... les choses sérieuses commencent !
En route vers l'aride... les choses sérieuses commencent !
Day
8 Yak kharka - Thorung phedi (4540)
Au pied du col
Au pied du col
guesthouse @ Thorung Phedi, au pied du col |
Day
9 Relâche à Thorung Phedi
Arrivé au pied du col, on s'octroie une journée de répit, mais plusieurs de mes compagnons de rando font face à un vilain mal de montagne et pressé par le temps (et la météo menacante), j'attaque donc lelendemain en solitaire, la nuit et à la frontale le col redouté de Thorung la.
journée de repose alors on s'occupe comme on peut :) |
Mais le temps semble se gâter ! |
Day 10 Thorung Pedi - Jomsom (via le col de Thorung la : 5416 m - record personnel battu)
Partant à 5h15 du nat' de 4540m pour un dénivelé de
presque 1000m, c'est physique ! Le souffle est court, le moindre
effort te coûte. J'ai sérieusement l'impression que c'est l'effort
le plus intense sur la durée que j'ai consenti. Heureusement, les 10
jours précédents, on a appris a gérer son énergie, régler son
pas, son souffle. En revanche, comme on touche à la très haute
montagne, les paysages de pierre ne sont en fait pas aussi
flamboyants que lors des jours précédents.
Arrivée au col à 5416m, des
sentiments mêlés m'assaillent, fierté d'être allé au bout,
communion avec la nature mais aussi une grande nostalgie de ne pas
avoir autour de soi dans ce beau moment ceux qu'on aime ou ceux qui
nous ont quitté.
La redescente vers Muktinath de l'autre
coté est raide. Je perd 2000 m d'altitude d'un coup.
La descente vertigineuse vers Muktinath |
A l'arrivée à Muktinath, et dans la
« civilisation », je croise une moto en réalisant que
c'est le premier véhicule à moteur que je vois depuis de nombreux
jours. J'essaie de prendre un bus mais « pas de bol, pas de
bus ». Du coup je me retrouve à descendre jusqu'à Jomsom
(encore 1000 mètres de dénivelé en plus) derrière une moto
conduite par un pilote certes talentueux mais à toute vitesse et
sur route défoncée. Avec mon gros sac aux dos, je suis « un
peu » crispé, et c'est bien de là que des courbatures
monstrueuses vont venir me terrasser 3 jours durant et non des
efforts consentis lors du passage du col !!
Après ces efforts, redescente en "bus 4x4" vers Pokhara |
De retour à Pokhara, (et à la little
budha Guesthouse <3) je me remets de mes émotions en préparant
les étapes suivantes. Même si je commence à avoir le mal du pays,
loin de me précipiter à Paris, je veux prolonger mon voyage !
Ce sera donc Istanbul, Vienne, Bratislava et Cracovie afin de rendre
visite a des amis couchsurfers au passage avant de rentrer en France
comme promis pour les fêtes.
Le dernier jour, je finis par faire les
« incontournables » de Pokhara : je loue une moto
pour aller admirer, en compagnie de Lena, de ma guesthouse, le lever
de soleil depuis Sarangkot, visite Davi's fall, une cascade /grotte
souterraine/temple hindou, puis avec sa copine Coralie allons faire
une promenade en barque sur le lac.
Lever de soleil sur la chaîne des Annapurnas depuis Sarangkot, au dessus de Pokhara |
Davi's fall |
promenade en barque |
Puis ce sera le retour à Kathmandou en
bus, qui me laisse une nouvelle fois, et à plusieurs reprises,
songeur sur la capacité des bus népalais à doubler en cote sans
visibilité, sur chemin de terre et au bord de falaise et d'à-pics
vertigineux...
Mais après 3 semaines, c'est déjà
fini... je suis dans l'avion qui m'emporte vers Istanbul et vers de
nouvelles aventures ! A suivre encore un petit peu... !
J'ai encore un accés direct à ton blog et quelle belle surprise quand j'ai cliqué et j'ai vu ton nouveau billet!
RépondreSupprimerComme t'avais promis, les photos sont superbes. Et l'histoire est vraiment intérésante! Je crois que ca doit être difficile d'expliquer tout ca avec des mots. Les émotions doivent être encore plus incroyables.
Merci beaucoup pour ce wow. Ca nous manqué vraiment.
Et t'inquiète pas pour le mal du pays, il y a des feux d'artifice dans des endroits où on ne les espère pas ;)
Merci Eric pour ces magnifiques photos ! J'imagine la sérenité et bravo pour ton trek ce n'est pas donné à tout le monde de réussir !
RépondreSupprimerWoaw! Emotion...larmes aux yeux!
RépondreSupprimerAh! J'étais impatiente de marcher dans tes traces. J'imagine l'ascension, tout ce que tu as dû ressentir physiquement et dans ta tête... Pas les mots. Suis honorée de ton partage et plus encore.
RépondreSupprimerJe suis impatient de te voir à Toulon pour les fêtes, prépare ta salive pour tout raconter, et ne t'inquiète pas, tu auras du wifi gratuit, et à boire et à jouer pour recharger les batteries ;-)
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