23/02 En route pour Torres del Paine !
Dès le retour du Perito Moreno, je me
mets en quête du meilleur moyen de rejoindre le mythique parc de
« Torres del Paine », au Chili, sans forcément passer
par Puerto Natales, histoire de gagner du temps et une étape. (le
parc est à mi chemin entre El Calafate, et la ville de Puerto
Natales). Cette dernière est en quelque sorte le camp de base des
backpackers en route pour « Torres » à 2 heures de bus
de l'entrée du parc (qui prend parfois des allures de taxi brousse).
Je vous épargne les quelques heures de
recherche sur le net, à tourner parmi les agences de voyage mais à
l'arrivée, MÊME en passant par puerto Natales, ce n'est pas
possible, tous les bus sont pleins. Putain de pleine saison (re). Ce
qui veut dire, une nuit de plus hors de prix à El Calafate, une
journée de perdue, etc... Vraiment dépité et ne sachant que faire
(réserver le bus pour le surlendemain ? Prendre une nuit de
plus à l'hotel ? Laisser tomber les « Torres » et
enchaîner avec le nord de la Patagonie ? ) je tente en
désespoir de cause une descente à la gare routière, et alors que
je fais la queue à un Neme comptoir de bus, tout à coup, un ange
apparaît et me demande : « vous allez à Puerto
Natales? ». Un peu décontenancé, je réponds «heu oui,
j'aimerais bien, mais ... ». Daniela (c'est son nom) me coupe :
'oui tous les bus sont pleins, mais nous avons un plan : prendre
un taxi à 4 jusqu'à Rio Turbio, à la frontière chilienne, et de
là prendre un bus chilien jusqu'à Puerto Natales. En partant à 6h
du matin, on a le temps d'attraper la navette de 14h30 pour le Parc
de Torres ! Mais ça n'est faisable que si l'on s'y met à 4 et
il nous manque un comparse. Tu es partant ?
Au départ, je n'y crois pas trop, mais
Daniela qui voyage avec sa copine Heike insiste : il faut dire
qu'elles ont déjà pris (et payé) toutes leurs réservations dans
les refuges du parc et que tout tombe à l'eau si elles ne peuvent
pas être le lendemain au parc. Leur ténacité me plaît (et
m'arrange bien) et je prends le gambit. La joyeuse équipe sera
composée d'Anita, une guide du parc de « Torres » qui
doit rejoindre son lieu de travail, Daniela Heike et moi.
Levé aux aurores, je laisse à la
consigne de l’hôtel tout ce qui ne me sera pas absolument
indispensable pour les 5 prochains jours histoire d'essayer d'alléger
un peu le sac (pas besoin de prendre les chargeurs de portable,
d'appareil photo, les guides etc... il n'y a pas d'électricité !
Je ne garde que l'essentiel : les
appareils photo, la tente, le sac de couchage, une frontale, des
batteries, quelques fringues, une gourde, et aussi mon PC portable
que je ne me résoud pas à laisser sans surveillance à la consigne
très « open » de l'hôtel. Ce sera juste un gros kilo de
plus sur le dos. On verra plus tard que cela aura été une sage
décision, mais pas pour la raison qu'on croit.
Après une très courte nuit, je piaffe
devant l’hôtel lorsque le taxi vient me chercher avec une demi
heure de retard. Anita est déjà dedans et on passe récupérer Dani
et Heike à leur hotel. 3 H plus tard à fond de 5 dans une guimbarde
qui plafonne à 140 (sur des routes dont je préfère ignorer la
limitation) nous arrivons à Rio Turbio pour prendre notre bus vers
Puerto Natales. Passage de frontière rapide coté papiers (je gagne
un beau tampon chilien sur mon passeport), mais les sacs à dos
passent dans une étrange machine pour détecter la présence
éventuelle de fruits et légumes ou viande dont l'importation est
interdite en raison d'un écosystème Paagonique fragile, et d'une
peur panique des chiliens de la fièvre aphteuse et autres
encéphalites spongiformes bovines.
Arrivé au terminal de bus de Puerto
Natales à 12h30, cela nous laisse presque 2 heures pour trouver un
distributeur de billets (700 pesos chiliens pour un euro, ça fait
bizzare quand le distributeur te demande combien de dizaines de
milliers de pesos tu veux...) et faire quelques courses. Je stocke de
la barre céréales, attrape un filet d'avocats, et quelques bananes,
un chorizo, des Alfajoles (gateaux au dulce de leche et chocolat) et
une plaque de chocolat, en espérant pouvoir me ravitailler dans les
refuges.
A l'arrivée à l'entrée du parc, on
s'acquitte du droit d'entrée de 18000 pesos Chiliens (25€), on
signe la charte du randonneur responsable et on reçoit une belle
carte des sentiers de randonnées dont le fameux « W »,
appelé comme cela en raison de sa forme évidemment.
(Carte Torres del Paine).
Dani et Heike s'éclipsent vers leur
hôtel, et comme les campings sont pleins dans le secteur (notamment
celui des Torres), je suis les bons conseils glanés sur internet, et
je m'élance vers un nouveau challenge : faire le W « à
L'envers ».
Je reste dans le bus jusqu'à son arrêt suivant,
attrape le « catamaran » , un bateau navette qui m'amène
jusqu'à Paine grande, et m'élance à l'assaut des 3 heures et demi
de montée jusqu'au camping/refuge « Grey » et son
glacier, mon gros sac sur le dos. Il est 18h30, je dois être un des
derniers à fermer le sentier car je ne croiserai quasiment personne
sur la route.
La nature est belle, les lueurs du
soleil couchant donne des couleurs très douces aux montagnes, je
longe un lac, traverse des rivières à gué, mais commence à accuser le
coup de la très longue journée.
J'arrive au camping crevé, je finis de
monter la tente à la frontale, et je file grignoter ma bouffe sous
l'auvent du camping, où les happys campers alignent leurs butagaz
portables
Rien de ça chez moi : fatigué,
frigorifié et affamé, mon état n'a rien d'euphorique.
Mais il y a un bon dieu pour les Eric,
car je tombe sur une groupe de jeunes chiliens très sympa, qui
lorgnent sur mon filet d'avocats, alors on sympathise autour d'un
chocolat chaud (ils ont un réchaud , eux!) On tape la discute avec
Sebastian, Vicente, Felipe, Martin, Rodrigo, Franco en parlant un
spanglish très international. La musique étant la plus
internationale des langues, je sors aussi mon harmonica qui a son
petit succès.
Vicente, Sebastian, Felipe y Martin |
La Nuit est superbe. La voie lactée
étincelle, les étoiles sont incroyablement brillantes... mais ce ne
sont pas les mêmes ! Et oui, dans l'hémisphère sud, on a la
tête on bas. Pas de Grande Ourse, ni d'étoile polaire ! Tout
au plus reconnais-je Orion s'étirant paresseusement sur l'horizon,
l'une des quelques constellations visible depuis les deux hémisphères.
A 23h30, je rejoins la tente congelé,
et j'enfile tout ce que je peux avoir de chaud sur le dos avant de me
glisser dans mon sac de couchage « super light ». (ou
plutôt après avoir constaté que le sac de couchage ne suffirait
clairement pas à me tenir chaud...). J'ai eu TRES FROID !
25/02 Refuge Grey – Campamento
Italiano
Je vais jeter un œil sur le Glacier
Grey, moins photogénique que le Perito Moreno, mais tout aussi
impressionnant, et prends la route vers le prochain camping dit « des
Italiens » au pied de la vallée des Français. (il y a aussi
un panorama britannique, un camping chilien, histoire que tout le
monde soit content).
Après 6 H de marche, je suis à court
d'eau, alors je remplis ma gourde dans un torrent : elle est
délicieuse ! Mon teléphone refuse de prendre des photos, alors
je m'astreins à économiser la batterie de mon autre appareil photo
ce qui limite beaucoup mes clichés (alors que c'est pour le
téléphone que j'avais des batteries de rechange, grrrrrr :(
Arrivé au camping des Italiens, je
constate que celui ci est super basique (mais gratuit!), pour l'eau
on se sert dans la rivière, et il n'est pas possible d'acheter
quoique ce soit. La seule infrastructure se limite à une « cabane
au fond du jardin » et une autre pour s'abriter pour faire la
bouffe. Argh, comme mes réserves de bouffe s'épuisent, le garde me
rassure en m'indiquant que le prochain camping est en même temps un
refuge et que je pourrai y acheter à manger et y prendre la douche
chaude que je lui réclame en rigolant. Je lui demande si je peux
louer un matelas de sol car le sol est beaucoup plus dur que la
moelleuse clairière du camping Grey, il me répond :
« Alquilar, no puedo . Pero prestar, si ». (Je ne
peux pas te le louer, mais te le prêter oui). Sympa ! Il faut
dire que c'est un des campings gérés directement par le parc et
donc « à but non lucratif ».
Grâce à lui, je peux aussi réserver
une nuit au camping au pied des Torres dans deux jours. Yess !!!
C'est le graal derrière lequel courent tous les randonneurs du
parc, celui qui permet d'y être dès l'aube et y admirer le lever de
soleil sur les fameuses « Torres » qui ont donné leur
nom au parc.
Le soir, je retrouve aussi mes nouveaux
amis chiliens arrivés une heure après moi malgré mon gros sac.
Mais qu'est ce que j'ai mal aux pieds. Grâce aux chaussettes
« spécial trekking » de Décathlon, j'ai réussi à
contenir les ampoules. Mais rien à faire : mes pieds ne sont
pas habitués à un rythme aussi soutenu, surtout avec quinze kilos
de plus sur le dos...
La nuit, un vent à décorner les bœufs
souffle, mais il fait moins froid.Grâce à mon PC, j'arrive à déboguer mon téléphone, et triple du coup mon autonomie en photos.
26/02 Vallée des Français =>
Camping Los Cuernos
Le lendemain, je pose le gros sac au
camping des italiens puisque je repasserai par là en redescendant et
je pars gambader « léger » dans la Valle del Francès.
Après une petite heure de marche, j'arrive devant un panorama
somptueux (ici ils disent un mirador) et je décide de me poser sans
aller plus loin et de profiter de l'instant magique d'extase
panoramique.
Mes pieds qui n'en peuvent plus me remercient de ce
moment de détente.
A la redescente au campamento Italiano je casse la
croûte et sympathise avec Jérome qui voyage autour du monde depuis
deux ans avec son hamac et l'on rejoint le Camping Los Cuernos après
deux heures de marche. Celui là est bien équipé du coup, après
une douche chaude (rhhaaaa) et une bière fraîche, je m'offre un
resto, enfin plutôt le menu du jour (riz et poulet), ce qui est un
luxe comparé à mon quotidien à base de barres céréales,
d'avocats et de chorizo.
Je retrouve aussi mes anges d'El Calafate
qui ont fait le circuit du W dans l'autre sens et l'on partage un
verre de vin chilien (plus sucré que le vin français et délicieux).
Demain grosse journée pour monter au clou du spectacle, les fameuses
Torres.
Mais au moment d'aller me coucher, mes
voisins chiliens sont vraiment bruyants, je sors leur demander de
faire moins de bruit, mais ils m'accueillent avec un pétard, et je
décide alors qu'il n'est pas si tard et l'on discute encore jusqu'à
pas d'heure avec Jérome, Beto et Cami en comparant les accents des
différentes régions du monde.
27/02 Los Cuernos => Las Torres
Los Cuernos au lever du soleil |
Encore une grosse journée de marche
vers les Torres. Nous cheminons de concert avec Jérome.
Je continue
de croiser sur le chemin toutes les personnes rencontrées le soir au
bivouac. Le camping des Torres est aussi basique que celui des
italiens mais avec beaucoup de charme avec son petit ruisseau qui
glougloute au milieu des tentes et où l'on va puiser l'eau dont on a
besoin. Comme on a bien marché, je décide de monter avec Rick et Michael jusqu'aux
Torres à 45 minutes de marche bien raide histoire de repérer les lieux pour le lendemain.
C'est
nuageux mais on sent déjà bien la magie du site. D'ailleurs je finis carrément en courant, et en sautant de pierre en pierre en pierre, totalement pris par la beauté du lieu. Le moment de
sidération passé je redescends au camping et là, les guides du
parc ont sorti les instruments de musique. Du coup, on improvise un
blues vite suivi d'un boogie avec Xavier, un guide qui joue de la
guitare et débute à l'harmonica. Les Chiliens rencontrés le
premier jours sont également dans le coin.
La nuit, il pleut, mais l'on espère
tous que ça va dégager le ciel pour le lendemain.
Et c'est le cas !
28/02 Lever de soleil sur Las Torres
Réveil à 5h, j'échange mes derniers
carrés de chocolat contre un café et nous partons à l'attaque de
la montée... sous les étoiles, à la lampe frontale. C'est raide, et je puise dans mes dernières forces pour atteindre le sommet.
L'aube pointe
son nez lorsque nous arrivons face au lac, au pied des « torres »
et lorsque les premières lueurs du soleil viennent nimber de rose
les « torres », les appareils photos crépitent et
j'entame le boogie blues des torres !
A la redescente , 800m plus bas et 5 h
de marche plus tard, 2 africas twins immatriculées en France me
narguent sur le parking de l'hôtel/lodge de las Torres, à la sortie
du parc.
Encore une heure 30 de marche sous le cagnard, pour
rejoindre la laguna amarga et le terminal de bus. Je prends congé de
tous ces nouveaux amis rencontrés sur le chemin, Sebastian,
Vincente, Felipe, Martin, mais aussi Emma (GB), Michael (All) , Rick
(Nl), Nico (Chili), et je reprends le bus vers puerto Natales après
m'être assuré du changement possible pour El Calafate où j'ai
laissé la moitié de mes affaires.
Conclusion : après quelques jours
déconnecté du monde on est davantage dans le réel, et c'est décidément bien en sortant de sa zone de confort que la vraie vie commence !
Les photos suivantes illustrent la diversité des paysages rencontrés au cours de cette superbe randonnée de 5 jours et 4 nuits
Au coeur de la Vallée Frances |
Parfois on chemine dans un petit sous bois |
Parfois le chemin ressemble davantage à une pierrier |
Parfois on emprunte des ponts suspendus... |
Mais la vue est toujours belle |
voire même très belle |
La signalisation a de l'humour |
L'eau ne manque pas |
Mais les ponts laissent parfois à désirer ! :) |
La vue sur la vallée en redescendant |
Cet "ossuaire" de forêt brûlée par un campeur imprudent il y a quelques années nous rappelle d'être excessivement prudent avec le feu |
Un dernier coup d'oeil sur le parc avant de repartir vers le terminal de bus... snif c'est déjà fini |
Je pense que la phrase que j'ai aimé la plus, et que résume tout, ça serait
RépondreSupprimer''... et je décide de me poser sans aller plus loin et de profiter de l'instant magique d'extase panoramique. ''
C'est si simple et beau qu'on peut le resentir d'ici.
Le monde est incroyable :):
<3 <3 <3
RépondreSupprimerNada más que agregar... salvo: INCREÍBLE :)
RépondreSupprimerSalut Eric,
RépondreSupprimerMerci pour ton texte qui permet de ressentir la magnificence des lieux.
Profite de chacun de ses instants magiques ou l'on se rend bien compte qu'il n'y a pas besoins de superflu pour vivre de grand moment;
Philippe Stoppacher
Salut Eric!
RépondreSupprimerJ'ai rattrapé mon retard de lecture: waow! ça commence trèèès fort!
L'extase, on l'a un peu aussi en regardant tes superbes photos dignes de Géo, et en lisant tes commentaires qui les font vivre mieux qu'aucun livre.
J'attends ton prochain billet avec impatience!
Salut Eric,
RépondreSupprimerje viens de lire ton blog, maintenant de par ta faute, je rêve de partir visiter le monde !
Grand merci de nous partager ton voyage, tes commentaires magiques et tes superbes photos.
Jean-Pierre Cressent FFMC83
je me regarde à nouveau les photos..... t'as raison, y'avait comme même quelques pierres sur certains chemin!!!!! aïe les pieds et les chevilles..... mais pour les yeux, c'est l'extase!!
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